Article écrit en collaboration avec Caroline Zumbihl, ostéopathe D.O.
Il y a bien longtemps que je pense à cet article. « Pourquoi bébé n’aime pas être porté ? », c’est une phrase que les monitrices de portage entendent régulièrement en atelier. Le plus souvent, il suffit de quelques bons conseils pour dépasser cette difficulté, mais pas toujours. On a l’habitude d’entendre la réponse « c’est impossible, tous les bébés aiment être portés » mais je la trouve un peu violente pour un parent qui fait face à des difficultés. Un peu comme avec l’allaitement et le fameux : “ ça n’est pas possible de ne pas avoir assez de lait ». Ok mais moi, parent, j’en fais quoi de cette info si ce n’est culpabiliser, avec la certitude que je fais quelque chose de travers ?
Pour commencer, il est établi que les bébés sont faits pour être portés. Nous appartenons à la famille des primates et nos bébés naissent bien plus tôt qu’ils ne le devraient au regard de notre famille biologique. Nos bébés ont donc besoin d’être portés pendant les premiers mois de leur vie. Selon sa culture on ne porte pas avec les mêmes outils, mais quelle que soit cette culture, on porte tous nos enfants dans nos bras, pour se déplacer, les apaiser, les câliner... C’est par là que je commence quand j’entends « mon bébé n’aime pas le portage ». Qu’en est-il à bras ?
Bien souvent, il s’avère finalement que le bébé aime effectivement être porté à bras. Il suffit donc de comprendre ce qui pèche avec le moyen de portage utilisé. Dans l’immense majorité des cas, il est simple de faire la lumière sur le problème.
L'inconnu et le stress
Lors des premiers essais, le parent peut être stressé par le matériel de portage, la difficulté relative du nouage ainsi que par la manipulation de ce tout petit. L’enfant va sentir ce stress et risque de manifester à son tour de la crainte et de la nervosité. C’est une spirale négative qui risque de déboucher sur l’abandon du moyen de portage. Les premières installations peuvent être stressantes, c’est l’expérience qui va rendre les gestes du porteur plus sûrs et le portage plus confortable pour l’enfant, d’où l’importance de ne pas se décourager. Il est également primordial de ne pas se presser pendant l’installation de l’enfant, il est possible de marcher, de le bercer, de lui parler, si nécessaire de faire une pause dans ses gestes. Les mouvements de balancement peuvent grandement aider l’enfant à se détendre pendant l’installation.
L'outil
Il est également possible que le moyen de portage choisi ne convienne pas à bébé. En effet, si beaucoup d’enfants acceptent la plupart des porte-bébés, certains ont une véritable préférence et la font entendre. Il arrive également que le porte-bébé soit inadapté à l’enfant (taille, modèle…). Ce manque de confort est parfois à l’origine des soucis rencontrés. Il est donc intéressant de pouvoir tester de nombreuses solutions. Avec l’âge, il n’est pas rare de constater qu’un bébé qui « n’aime plus le portage » a simplement besoin d’être plus ouvert au monde grâce à un portage hanche ou dos.

Le moment
Généralement, le portage est utilisé au moment où le parent en a besoin. Pour autant, il est possible que ce moment ne soit pas le bon pour l’enfant. Ou au contraire, que le portage soit l’occasion pour bébé de décharger la tension accumulée, dans un contexte rassurant pour lui. Il ne faut donc pas oublier que le bébé est une personne avec ses besoins et ses envies propres, il s’agit d’apprendre à les décoder et à les respecter dans la mesure du possible.
Les bébés ont un rythme bien à eux qui se traduit par un léger décalage entre ce qu’ils vivent et leurs réactions. Il est donc bon de leur laisser quelques minutes pour s’assurer que les protestations ne sont pas liées à un évènement antérieur à l’installation.
Les habitudes
S’il semble que l’enfant n’apprécie vraiment pas le portage en général, s’il se tend, se débat voire pleure quand on le prend dans les bras, le problème est peut-être autre.
Selon la manière dont un enfant a été porté dans les bras depuis sa naissance, celui-ci va développer des comportements plus ou moins adaptés lors du portage. Nous développerons d’ailleurs la gestuelle du portage à bras dans un prochain article.
Un enfant qui aura peu été porté (à bras) dans une position physiologique aura tendance à se raidir voir à se mettre en extension lors du portage. De même, le porteur peut avoir tendance à se pencher en arrière (en portage ventral) ou en avant (en portage dorsal) pour tenter de compenser la posture de l’enfant, ce qui ne fait qu’amplifier les difficultés!
Dans ce cas de figure, un peu de patience et quelques bons conseils suffiront à amorcer un changement dans ces habitudes posturales, tant du côté du porté que du porteur!
Et s'il fallait chercher plus loin
Malgré toutes ces explications, certains enfants peuvent continuer à manifester de l’inconfort, voire une impossibilité à être portés dans un porte-bébé. Les causes peuvent être multiples, le but ici n’est en aucun cas d’évoquer des diagnostics précis sur la base de difficultés de portage, mais d’ouvrir la porte à d’autres prises en charge s’il devait y en avoir besoin.
L’avis de l’ostéo :
Le portage en écharpe est très efficace pour mettre en avant une posture en virgule (bébé qui penche toujours du même côté) ou en torsion (tête d’un côté, bassin de l’autre).
Il en va de même pour un bébé qui semble se jeter en arrière ou qui ne peut pas remonter les jambes, qui sont des signes d’une position en extension. Dans ce cas, l’enfant aura du mal à s’enrouler et/ou ne supportera pas la contention du tissu sur le dos.
A l’inverse, certains enfants sont « trop enroulés », et oui c’est possible ! C’est à dire que sans un soutien du dos suffisant, l’enfant se met non pas arrondi, mais totalement en boule. Au minimum c’est inconfortable pour l’enfant, au pire ce n’est pas sécuritaire entre autre pour les voies respiratoires. Dans ce cas, il sera essentiel d’avoir un portage ajusté zone par zone (sling ou écharpe exclusivement) pour offrir un soutien parfait à cet enfant pendant ses premiers mois de vie .
Tous ces types de schéma postural peuvent être équilibrés par quelques séances d’ostéopathie.
Mais il faut garder à l’esprit que ces postures peuvent être dues à des pathologies ou à des syndromes plus larges,comme le RGO (reflux gastro-oesophagien), le torticolis avec son risque de plagiocéphalie, les troubles sensori-moteurs, etc.…
Au moindre doute, il faut bien sûr en référer au médecin traitant de l’enfant afin que la prise en charge médicale de l’enfant soit la plus efficace possible.
Les enfants dans l’une de ces situations peuvent être bien difficiles à porter, les positions prises sont rarement aussi parfaites que celles prises pour référence. Pour autant, il est opportun de rappeler que le portage peut être d’une grande aide dans l’accompagnement de ces enfants comme de leurs parents.
Enfin, les raisons peuvent être plus délicates à comprendre, notamment celles liées à des complications relationnelles : histoires personnelles, évènements douloureux pendant la grossesse, accouchement difficile, séparation précoce, dépression post partum… Ici encore, il est primordial de se faire aider par un professionnel. Le portage pourra être utilisé comme outil de création du lien, mais ne sera probablement pas suffisant à lui seul.
Pour conclure, il m’est arrivé de ne pas trouver de solution à certaines situations. Quand les motifs envisagés ci-dessus ne semblent pas y répondre, que peut-on dire ?
Je commencerais par le fait qu’on ne porte pas son enfant qu’avec les bras, on le porte psychiquement. Par notre attention, nos soins, l’anticipation de ses besoins et les réponses que nous y apportons, nous portons nos enfants. Ainsi un parent qui se sera questionné sur le « Pourquoi mon enfant n’aime pas être porté » portera de fait son enfant. En outre, chaque enfant a son propre tempérament et il me semble envisageable que certains d’entre eux n'aient que peu besoin d’être portés physiquement s’ils sont correctement portés psychiquement.
Le portage n’est pour moi pas une fin en soi. Il est l’outil privilégié de la réponse aux besoins de nos enfants. Il est utile pour construire ou reconstruire ce qui doit l’être. Je comprends qu’un parent soit déçu de ne pas réussir à porter son enfant et de ne pas pouvoir le faire bénéficier de tous ces bienfaits. Mais après tout, si tout le monde va bien, ne devrions-nous pas simplement envisager de réessayer plus tard ou même pas du tout ?
Une fois de plus, j'ajouterai qu'il existe de nombreux moniteurs et monitrices de portage en France. Ceux-ci sont formés au portage physiologique au sens large et pourront vous accompagner dans votre démarche. N'hésitez pas à faire appel à eux.
Pour apprendre à porter votre bébé, venez-suivre un atelier de portage!
Pour suivre une formation au portage des bébé, contactez-nous!
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